BIOGRAPHIE :
PREMIÈRES ANNÉES.
Philippe Rive naît le 27 Février 1957 à Fréjus mais c’est à Evreux en Normandie où ses parents s’établissent pour raisons professionnelles qu’il passe la majeure partie de sa petite enfance. Dès l’âge de 8 ans il se passionne déjà pour l’écriture et rédige des poèmes, des nouvelles où même de très courtes pièces de théâtre qu’il interprète en classe et les samedis après-midi assisté de ses copains et copines.
Lecteur assidu de BD, il dévore tout aussi bien le Journal de Mickey que les illustrés mensuels (Pim Pam Poum, Bib et Zette, Popeye, Tartine, Geppo, Arthur le Fantôme, Placid et Muzo, Félix le Chat, Pépito, Batman, …. ) ou encore les albums de Tintin, Iznogoud, Lucky Luke, Astérix, et autres héros de papier que ses parents n’hésitent pas à lui offrir à une époque ou la BD est encore très loin d’être considérée comme un Art.
LES ANNÉES DE COLLEGE ET DE LYCÉE. (1968 à 1977)
De retour à Fréjus en 1968, Philippe Rive commence par redoubler sa 6ème à l’école du Stade. (« – Je venais chaque été en vacances à Fréjus. Et cette année-là, en nous installant ici, je me suis imaginé être en vacances pendant 365 jours…. « ).
Continuant sur sa lancée, quelques années plus tard, il se fait renvoyer du Collège des Chênes à l’issue de sa classe de troisième.
(« – Cela a été ma plus mauvaise expérience en matière d’éducation nationale. J’étais loin d’être un élève brillant certes, mais j’étais un élève tranquille. Je garde surtout de cet établissement le souvenir d’une cohorte d’élèves ordinaires et gueulards, d’un pauvre professeur de français quasiment hystérico-dépressif complètement dépassé, d’un pion sournois qui vous distribuait des colles pour un oui ou pour un non, et spécialement de celui d’un prof de dessin distant et hautain qui vous attribuait votre siège en fonction de vos notes – c’est à dire par ordre décroissant – et qui, si vous vous retrouviez par malheur dans le fin fond de la classe à cause de votre moyenne, ne se donnait même pas la peine de contrôler votre travail et tournait les talons tout juste avant d’arriver à hauteur de la dernière rangée. Un vrai champion de la non-pédagogie que, dans mon hit parade de profs incompétents, je hisse sans l’ombre d’une hésitation en haut du podium. »)
L’année suivante Philippe Rive est alors accueilli au Collège de Villeneuve.
(« – J’eus affaire, par chance, à une professeure de français qui, au travers de mes dissertations à rallonge compris très rapidement la façon dont je « fonctionnais ». Elle m’accorda généreusement son attention et, confiant, je pus alors lui soumettre mes différents écrits pour lesquels elle manifesta de l’intérêt.
C’est tout naturellement qu’elle devint ainsi, l’une de mes premières lectrices qui avec bienveillance m’offrit de son temps, n’eut de cesse de me conseiller et surtout de m’encourager dans cette voie délicate qu’est l’écriture. Un vrai bonheur. »)
C’est dans ce collège ou il effectue une nouvelle classe de troisième durant laquelle il continue plus que jamais à écrire de nombreux textes (nouvelles, sketches, pièces de théâtre, poèmes) et même à « crobarder » des dessins d’humour dans ses cahiers, que Philippe Rive rencontre celui qui deviendra son immense ami et dessinateur fétiche Vincent (Mike) Deporter avec lequel il entamera quelques années plus tard une intense et fructueuse collaboration.
Mais en cette année 1973, tandis que Vincent Deporter s’ennuie ferme sur les bancs d’école et décide à 16 ans d’entrer dans la vie active en commençant par devenir géomètre, Philippe Rive poursuit ses études jusqu’en Terminale au Lycée Saint Exupéry de Saint Raphaël… et échoue au Bac de quelques points.
(« – A chaque trimestre, j’avais été le premier en philo. Mais je me suis retrouvé avec un 6 sur 20 au moment du Bac. Je ne me souviens plus exactement du sujet traité – quelque chose comme la sociabilisation de l’individu, selon Freud – mais je me souviens parfaitement avoir noté que, selon moi, la société avait « réduit l’homme à l’état de primate en costume ». Et ça, ça n’a peut-être pas dû forcément plaire à l’examinateur… « )
DU CONSERVATOIRE À… VENDEUR EN PRET À PORTER. (1977 à 1985)
Philippe Rive quitte sa scolarité et entreprend de se présenter au concours d’entrée du Conservatoire National de Nice en section théâtre.
Des « Noces de Figaro », d’ « Une demande en Mariage » aux « Sequestrés d’Altona », il tente sans succès de trouver en lui une véritable âme de comédien et fait même de la figuration à Cannes dans un long métrage d’Alan Bridges (« La Petite Fille en Velours Bleu ») dans lequel on l’aperçoit furtivement, une microseconde, en silhouette tout au début du film, dans le « rôle » d’un malade assis parmi d’autres figurants promenant sur un balcon.
Cependant, au bout d’une année, sûrement parce que là ne se situe pas sa véritable vocation et qu’il faut bien vivre, c’est dans un magasin de confection qu’il décide à 21 ans, d’exercer ses talents déclamatoires en tant que vendeur. Là, entre deux clients à servir et trois chemises ou pantalons à plier, il commence alors à écrire des scénarios de BD pour Vincent Deporter, qui ne vit pas encore totalement de son art, et qui accepte volontiers de mettre en images quelques-uns de ces scénarios à ses moments perdus.
C’est à cette même époque que Philippe Rive, armé de sa caméra super 8, commence à réaliser de nombreux courts-métrages live. (« Publicités détournées » ; « Week-end 2 » ; « La Chienne Andalouse » ; « Poire Mécanique » ; « Horresco Referens » ; « Comprenne qui pourra » ; « Vénus Quartier Sud » …. )
Courts-métrages qu’il écrit, storyboarde, met en scène et dont il fait le montage avant d’aller projeter ceux qu’il juge les plus aboutis au Lycée Saint Exupéry – qu’il fréquentait encore quelque temps auparavant – de façon à y recueillir les appréciations des élèves.
Durant cette période, dès qu’il en a la possibilité, Philippe Rive effectue également de nombreux allers-retours sur Paris de façon à présenter ses créations auprès de professionnels parmi lesquels Pierre Desproges, Danièle Delorme, Richard Gotainer, Patrice Leconte (qui l’accueillera en 1984 sur le plateau de l’un de ses nombreux films Les Spécialistes et lui présentera par la suite Dominique Maillet (Critique de cinéma, Scénariste et Réalisateur), Jacques Diament (alors Rédacteur en Chef du Magazine Fluide Glacial ), et d’innombrables responsables de sociétés de production de films et de publicités dont Jean-Pierre Lemoine (qui deviendra par la suite le PDG de Mégarama) et Jean Gontier (producteur entre autres de Green Card et de Le Roi de Paris.
(« – Avec tous les kilomètres que je cumulais chaque jour dans Paris pour aller présenter mon travail en toquant aux portes, le soir venu, je jetais directement mes chaussettes de la journée dans la corbeille de ma petite chambre d’hôtel celles-ci étant devenues désormais immettables car totalement trouées … Heureusement, j’en avais toujours quelques paires de rechange avec moi. Et pour cause: j’en vendais. « )
Durant cette période, c’est aussi grâce à ses premiers salaires et premiers congés, que Philippe Rive part durant un mois aux USA et plus précisément en Floride. (« – Enfant, j’avais tant et tant fait de concours dans le Magazine de Mickey pour tenter de gagner un voyage à Disneyland Californie que l’un de mes premiers objectifs dès que j’ai perçu un salaire a été d’économiser pour avoir la possibilité de me rendre enfin là-bas. J’ai toujours été un grand fan de l’œuvre de Disney. Mais entretemps, Disney World s’était implanté en Floride, un état à l’espace et à la nature démesurés, et j’ai voulu commencer par visiter celui-ci. En 1978, le Magic Kingdom était alors l’unique parc Disney existant sur Orlando. Mais j’ai assisté années après années à la naissance de tous les autres, y compris ceux d’Universal…. Aujourd’hui, je vous avoue ne plus savoir exactement le nombre de fois ou j’ai pu me rendre aux USA depuis ce premier voyage mais je vous assure que ma fascination pour ce pays est restée intacte.
Les ambiances, les sons, l’architecture, les paysages, et même les ciels sont différents d’un état à un autre. Je dis « les ciels » car, aussi incroyable que cela puisse paraitre, vous avez l’impression qu’il y’en a plusieurs selon le lieu, l’heure, ou l’environnement dans lequel vous évoluez.Et ces ciels sont prodigieusement hauts ! Rien n’arrête votre vision, vous êtes constamment sollicité et immergé dans un spectacle à 360° qui vous englobe littéralement et tient à la fois du Cinérama et du planétarium mais en bien réel. D’un côté un nuancier de nuages ocres sous une voûte flamboyante, d’un autre de longues stries lumineuses jaillissant de pans rougeoyants, culminant loin au-dessus de vous du bleu sombre écrasant, et, dans ce brasier de couleurs disparates, vous faisant face, d’intenses éclaboussures d’or qui captent votre regard, l’imprègnent, attisent vos sens et vous appellent à poursuivre encore et plus avant votre route. C’est à la fois évident et magique. Et c’est toujours la première chose que je regarde quand j’arrive là-bas : tous ces ciels. »)
Fin 1985, Philippe Rive et Vincent Deporter obtiennent un contrat avec Agepress alors représentant français de King Features /Opera Mundi pour l’exploitation presse d’une série de comic strips. Ceux-ci sont dessinés par Vincent Deporter, qui vient de réaliser un album BD humoristique sur les Jeux Olympiques, et scénarisés par Philippe Rive. Les strips mettent en scène un garçonnet – Billy Brat -, un individu dépressif – Doug – et un chat, héros de la série baptisée du nom de « Quincy Cat ». Les strips paraissent ça et là dans quelques quotidiens régionaux sans pour autant permettre à Philippe Rive de vivre définitivement de son travail de scénariste.
Toutefois, aussi insolite que cela puisse paraître, les strips de Quincy Cat lui permettront d’approcher un grand nom de la bande-dessinée américaine en la personne de Charles Monroe Schulz. Mettant à profit un nouveau séjour aux USA, Philippe Rive emporte avec lui quelques planches de Quincy Cat et, de passage à Santa Rosa en Californie, entreprend de contacter une fin d’après-midi le célèbre scénariste-dessinateur qui y est établi.
(« – J’avais toujours été très admiratif du travail, je peux même dire de l’oeuvre de Charles M. Schulz. Son graphisme très succinct qui justifie l’apparente et fausse simplicité de ses dessins quasiment aériens avec, filtrant au travers de ses dialogues, l’esprit et le caractère profondément tourmenté de ses personnages en général et de toute l’Amérique en particulier…. Mais je ne souhaite pas m’épancher ici sur les questions existentielles et métaphysiques que cette BD soulève et traite avec légèreté et malice. Je ne suis ni qualifié ni expérimenté pour ce faire et d’autres auteurs ont déjà pratiqué à loisir ce type d’analyse en long, en large, en travers et même en diagonale. Je préfère plutôt parler de ce moment surréaliste ou, installé dans une cabine téléphonique près d’une station service – il n’y avait évidemment pas de portable à l’époque- je m’emparais du vieil annuaire qui s’y trouvait, le feuilletait et avisait tout en bas de page le nom de Charles M. Schulz. Parfaitement ! Ce monument du 9ème Art figurait bel et bien dans l’annuaire ! Je glissais quelques pièces dans l’appareil et lui téléphonais donc.
Dès qu’il eût décroché, je me présentais à lui : « – Bonjour, je suis un jeune cartoonist Français et je me trouve à Santa Rosa actuellement. J’aurais aimé vous rencontrer si cela vous était possible… » Charles Schulz commença alors fort aimablement à m’indiquer l’adresse de sa propriété et le meilleur trajet pour y parvenir. Le seul souci – de taille pour qui connaît les dimensions des « Maps Américaines » ! – c’est qu’avec le plan de la ville de Santa Rosa déployé dans la cabine j’avais énormément de mal à visualiser les indications données et que j’avouais finalement mon incapacité à pouvoir situer correctement le lieu.
« – Ok, entendis-je à l’autre bout du combiné. Où êtes vous exactement ? » « – Je suis près d’une station service sur la route, pas loin d’une patinoire… » « – Je vois où c’est, répondit-il. J’arrive. »
Et en effet, accompagné de son épouse, Charles Schulz arriva quelques instants plus tard, au volant de son cabriolet. D’un air décontracté, il se dirigea vers nous – j’étais alors moi-même accompagné de celle qui allait partager officiellement ma vie quelques années plus tard – et, avec une humilité déconcertante, me serra spontanément la main comme si nous étions déjà familiers. Chose faite, il nous invita à dîner dans un restaurant situé à proximité, histoire de faire plus ample connaissance. Au cours de la soirée, je lui soumettais alors une feuille A4 mettant en scène l’un des gags de Quincy Cat et lui demandait ce qu’il pensait de celui-ci. Charles Schulz sourit, pris un stylo et esquissa dans un coin, en bas de page, un Snoopy qui faisait mine de lire le comic strip et en riait. Puis, une fois le repas achevé, il nous conduisit au 1 Snoopy Place, une immense bâtisse qui lui tenait lieu de studio graphique (et qui est devenu depuis sa disparition un musée consacré à son œuvre), et nous fit effectuer une visite guidée de l’endroit qui regorgeait de produits dérivés liés à l’image de ses personnages.
J’eus ainsi l’occasion – et le privilège! – d’observer à quoi ressemblait son travail de la journée, et constatais, je le mentionne pour ceux que les détails techniques peuvent intéresser, que Charles Schulz dessinait beaucoup – environ trois à six comic strips au quotidien- et « large » : chacune des trois ou quatre cases des strips étant réalisée sur un format A4. J’ajouterai également en guise de conclusion, qu’au terme de cette visite, Charles Schulz nous offrit des tee-shirts, des albums des Peanut’s et s’amusa de mon refus d’emporter une peluche de Snoopy presque aussi grande que moi ! La raison en était simple : ma future épouse et moi reprenions notre vol de retour le surlendemain et je ne savait absolument pas ou ranger dans l’avion un présent si généreusement offert mais par trop encombrant…. Inutile de préciser qu’après toutes ces années, j’ai toujours gardé en mémoire le souvenir de cette rencontre plus qu’improbable et qu’aujourd’hui encore je m’interroge sur la raison qui a pu ainsi motiver et décider Charles M. Schulz, célèbre dessinateur sollicité par des centaines de millions de lecteurs et de fans à travers le monde et, comme je l’appris plus tard, classé par le Magazine Forbes comme étant la septième fortune des USA, à se déplacer pour venir en toute simplicité à la rencontre du jeune scénariste que j’étais. A-t-il apprécié mon enthousiasme? Ma naïveté de l’époque ? Ou l’a-t-il prise plutôt pour le simple culot généralement propre à tout débutant et cela l’a-t-il amusé ? Je l’ignore encore à ce jour, mais ce que je sais en revanche, c’est que cette entrevue m’a permis non seulement d’aborder et de côtoyer plusieurs heures durant un dessinateur phare – pour ne pas dire une légende dans l’histoire de la BD – et qu’en comparaison des quelques deniers que m’avaient rapporté les parutions de Quincy Cat, je me trouvais soudain l’esprit enrichi d’une rencontre définitivement mémorable. Une rencontre qui allait d’ailleurs me porter bonheur quelques semaines plus tard…. « )
DÉBUT DE CARRIÈRE
LES ANNÉES PROFESSIONNELLES À PARTIR DE 1986.
En cette fin d’année 1985, un mois après son retour en France, Philippe Rive reçoit un appel téléphonique de la part du directeur artistique d’un nouvel hebdomadaire féminin qui doit paraître sous peu. On lui demande alors s’il est en mesure de créer rapidement une bande-dessinée mettant en scène un personnage que les lecteurs retrouveraient chaque semaine et qui deviendrait, en exclusivité, la mascotte du magazine en question. Or, par un heureux concours de circonstances, Philippe Rive a reçu le matin même par fax de nouveaux croquis de la part de Vincent Deporter. Parmi ceux-ci : une famille d’ours anthropomorphes « Les Teddies », un Superman d’opérette avec cape et collant appropriés et… un bébé en couche-culottes qui a immédiatement retenu toute son attention.
Philippe Rive soumet l’idée de ce personnage idéalement adapté pour un magazine féminin, le décrit rapidement,- il est adorablement naïf, déteste la bouillie, commet bêtises sur bêtises – et, continuant d’argumenter par téléphone, lui adjoint instantanément un environnement adéquat en élaborant les caractères des personnages annexes. Le père, bricoleur « catastrophe » ; la mère, cuisinière « épouvantable » et une copine du même âge que le bébé, chipie à souhait. Le personnage est accepté et Philippe Rive quitte définitivement son travail d’alors pour se consacrer exclusivement à l’écriture.
Le bébé s’appellera ROMÉO, sa copine JULIETTE et la parution de cette BD se prolongera sous forme de comic strips dans le Magazine MAXI (Editions Bauer) durant plus de 25 ans. MAXI atteindra dans les premières années un tirage record de 1.400.000 exemplaires et sera lu chaque semaine par plus de 4.500.000 lecteurs. Le personnage de ROMÉO sera décliné en tee-shirts, carterie, calendrier, montres, canevas, abécédaire chez DMC, et un album regroupant un florilège de gags paraitra en 1994 aux éditions GLENAT sous le titre « Roméo – Expert en bêtises ».
Philippe Rive scénarisera un total de 1380 comic strips que Vincent Deporter, Guy Lopez, et Nawa mettront en images tour à tour selon l’emploi du temps et la disponibilité de chacun de ces dessinateurs.
ODILE. (1988)
En 1988, fort du succès de MAXI, le groupe Bauer lance sur le marché une nouvelle revue : « AUJOURD’HUI MADAME » et propose à Philippe Rive d’y réaliser, toujours en exclusivité, un nouveau comic strip familial destiné au lectorat grand public. Ce sera ODILE, une BD qui relatera les aventures d’une maitresse d’école, en référence au prénom d’une institutrice que Philippe Rive a connu dans sa petite enfance lors de sa classe de CP à Evreux et envers laquelle il a conservé, malgré les années passées, d’importantes attaches affectives. Côté fictif, les personnages annexes qui apparaissent de façon récurrente – en ajout à quelques élèves chahuteurs et sympathiques – sont le mari d’ODILE – professeur de gymnastique accompli – et leur fille d’environ huit ans prénommée AGNÈS. Philippe Rive scénarisera l’équivalent de 200 gags, tout en continuant l’écriture de ROMÉO. Les deux magazines travaillant avec une forte avance dans le timing de mise en pages, ce ne sont pas moins de 40 gags par mois (20 gags de ROMÊO et 20 gags de ODILE) que Philippe Rive et Vincent Deporter fourniront sur une période d’environ une année.
LES ANNÉES 1990-2000.
En complément de ses scénarios BD, Philippe Rive met à profit ses compétences dans la rédaction de slogans et accroches destinés aux secteurs de la Carterie et des Tee-Shirts avec imprimés graphiques.
Il en découlera plusieurs collaborations avec divers dessinateurs – tels que Jean Claude MORCHOISNE, Alain SIRVENT, Jean-Claude VRUBLE ; Vincent DEPORTER ; Rachid NAWA ; Jean BERDIER ; Frantz DUCHAZEAU ; CURD RIDEL – portant sur des développements de collections au sein de groupes tels que AGEP-EDITOR-COMBIER ; YVON; SANDELIUS ; IMPACT 2000 ; ABEILLE CARTES ; SEPIM ; MORGANE/DALIX ; ORIGINAL POSTER COMPANY, OLWIA pour la carterie, et SYDNEY GRAPHIS CARTOON ; CAPLAIN ; ALMA MATTER ; ROUMI SA ; SERI CONCEPT et ARCLO pour les créations sur Tee-shirts.
Dans les années 1992, 1993 et 1994, Philippe Rive travaille également comme journaliste-enquêteur pour PLAISANCE FILMS/SYGMA TV qui produit alors des émissions diffusées en prime time sur FRANCE 2 et TF1 : « LES MARCHES DE LA GLOIRE« , « LA NUIT DES HÉROS » et « MYSTÈRES« .
Il interviewe à cet effet de nombreux protagonistes liés aux sujets sur lesquels il choisit d’enquêter et qui donnent matière à des reportages et reconstitutions des événements abordés avec témoignages à l’appui. Sont tournés et diffusés: « Noyé dans le Doubs » ; « Le Fakir » ; « Docteur Marathon » et pour l’émission MYSTÈRES : « Le Loch Ness » ; « Par Amour pour toi » ; « Le vampire de Highate ».
En 1996, Philippe Rive réalise avec Vincent Deporter pour le compte de la société PROTECREA une série de dessins humoristiques basés sur le thème du chocolat et destinés à un documentaire intitulé « Chocolat, Mon amour » et scénarise, avec de nouveau Vincent Deporter au dessin, quelques planches de BD destinées au JOURNAL DE SPIROU intitulées « LES FONDUS DECHAINÉS ».
En 1997, Philippe Rive collabore en tant que journaliste enquêteur à l’émission « JE PASSE A LA TÉLÉ » pour France Télévisions. Assisté de Vincent Deporter il imagine une vingtaine de mises en situation sous forme de roughs et croquis avant encrage pour l’émission de TF1 « SALUT LES TOON’S » avec les personnages de BOB, SCOTT et ZOÉ qui sont des souris animées en images de synthèse et qui présentent l’émission.
En 1998, Philippe Rive relooke, avec la collaboration de Nawa au dessin, une mascotte (« ARGUY ») créée antérieurement par la SOCIÉTÉ ARGUYDAL et scénarise une histoire d’une dizaine de planches mettant en vedette la dite mascotte en vue d’une exploitation publicitaire.
En 1999, Philippe Rive se voit confier par ENDEMOL et CASE PRODUCTIONS la création de la nouvelle mascotte et logo de l’émission phare de TF1 présentée chaque mois par l’animateur Arthur : « LES ENFANTS DE LA TÉLÉ« .
Le dessinateur Nawa participe à l’élaboration et à la création de la mascotte qui représente un petit bébé en couches-culottes souriant, une télécommande en main, et qui par le biais de différentes mises en situations et accroches fournies par Philippe Rive sera décliné sur plusieurs supports en matière de merchandising tels que tee-shirts, carterie, chaussures et autres produits dérivés via TF1.
En 2000, Philippe Rive et Vincent Deporter cèdent la licence de deux personnages de leur création « CRICKET et LILITH » à la société ANABASE PRODUCTIONS – alors dirigée par Marie-France Brière – en vue d’une exploitation destinée à une série de dessins animés.
(« – Pour Cricket, je dois admettre – avec le recul – que nous étions un peu trop en avance, Vincent et moi sur notre temps et que, de ce fait, malgré le potentiel des personnages cela n’a pas fonctionné. Le dessin était volontairement corrosif et aux antipodes de ce que nous avions pu réaliser jusqu’alors comme travaux. J’entends par là d’innombrables scénarios et dessins forts sympathiques mais très formatés, pour ne pas dire conventionnels, censés plaire au plus grand nombre de nos lecteurs. Il n’empêche : Marie-France Brière avait immédiatement été séduite par les personnages en les découvrant juste à travers quelques roughs et croquis que je lui avais présenté. Il y avait en eux une telle impulsion, un tel dynamisme, une telle vivacité qu’elle y a immédiatement cru, tout comme nous, et que les contrats ont été signés moins d’une semaine après à l’occasion d’un MIPTV à Cannes. Mais, that’s life ! Surtout dans ce métier! Si l’enthousiasme est un excellent moteur de motivation envers soi-même et qu’il se répercute tout aussi automatiquement entre les principaux intéressés, encore faut-il parvenir ensuite à convaincre des décideurs confortablement installés dans leur bulle et leur quotidien politiquement correct pour tenter d’imposer de tels personnages. Et apprendre – mais il n’est jamais trop tard pour apprendre ! – à ne surtout jamais trop heurter de front ou même seulement tenter de décaper un tant soi peu certaines sensibilités frileuses… »)
Dans les années 2000, Philippe Rive et Nawa collaborent régulièrement au Magazine ACTION édité par KODAK en fournissant des dessins humoristiques et comic strips liés aux métiers de la lumière et du cinéma.
À COMPTER DES ANNÉES 2000.
Philippe Rive est approché par la Société IFMO (Initiative Française du Marketing Officinal) pour la création d’une bande dessinée destinée à informer les enfants des risques potentiels susceptibles d’altérer la santé : Insolation, asthme, piqûres d’insectes, manque d’hygiène, soins dentaires… Une galerie de cinq personnages principaux sont créés : Trois enfants (PUNCHY, ANNA-LISE et MELODY), un adulte endossant le rôle du pharmacien (MR CROIVERTE) et un chat (SUSHI). La Société IFMO publiera en 2006 un album regroupant les principales planches BD des KID’S – dessinés par Nawa et Guy Lopez – dont les aventures continueront de paraitre jusqu’en 2013 dans le Magazine PHARMELIA distribué dans les officines pharmaceutiques et édité chaque trimestre à 50.000 exemplaires.
La Société HEURTAUX SAS, spécialisée en conception et réalisation de centres et stations de lavage automatique pour véhicules, confie à Philippe Rive la création d’une enseigne symbolisant la dite entreprise, forte de plus de 6.500 pistes livrées en Europe et dans le monde. Le logo/mascotte de FREEMOUSS est alors conçu avec la participation de Guy Lopez. Après quelques années nécessaires à la fidélisation du personnage, Philippe Rive propose de développer FREEMOUSS en album BD publicitaire. Il scénarise et conçoit le découpage d’un premier album – mis en images par Guy Lopez – qui s’intitulera « LA COURSE AU SEPTIÈME ART« .
Fort du succès remporté par l’accueil du premier album, Philippe Rive scénarise un second album « L’OR DE FLORIDE » qui parait en 2006, suivi en 2008 d’un troisième album (dessiné par Nawa) intitulé « DESTINATION GAGS« . Chaque album sera édité à 10.000 exemplaires.
En 2010, Philippe Rive scénarise pour la Société HEURTAUX SAS les aventures de « NAiA« , une BD d’une dizaine de pages basée sur le développement d’un projet environnemental. Assisté de Nawa, il réalise la même année pour la Société FUNTOYS des études graphiques portant sur le personnage de KISSY L’OURSONNE (propriété de la Société FUNTOYS) destinées à promouvoir la commercialisation du personnage dans le merchandising avec slogans, accroches et mises en situation pour carterie, papeterie et textiles. En 2015, toujours pour la Société HEURTAUX SAS, FREEMOUSS fait également l’adaptation de jeux vidéo interactifs. Philippe Rive est alors chargé d’être le concepteur et coordinateur d’application informatique pour la création et la mise en scène de ces jeux destinés aux dites applications de FREEMOUSS.
Le concept de KISS-KILL se réfère aux brusques changements d’humeur propres à la nature humaine et se présente sous la forme de pictogrammes au design adapté.
(« – Kiss Kill est un concept qui me tient particulièrement à coeur. Et je ne remercierais jamais assez le dessinateur Guy Lopez d’avoir su interpréter et traduire avec autant de talent, les images que j’avais en tête. Je cherchais ce jour là à élaborer un concept qui aille véritablement à l’essentiel et qui soit encore plus épuré dans son traité que peut l’être un scénario de comic strip.
Je souhaitais avant toute chose obtenir un rendu schématique suffisamment fort visuellement pour qu’il me dispense même d’utiliser un ajout de texte, slogan ou accroche inutiles, et qui se traduise par une symbolique identifiable et compréhensible dès le premier coup d’oeil. Le déclic s’est imposé à moi en moins de dix minutes : quoi de plus approprié finalement que de mettre en avant un concept révélateur des sentiments humains avec deux pictos dont l’un conduit sans transition au second et exprime instantanément le passage de l’amour à la haine et de la douceur à la violence ?
Deux extrêmes, deux forces diamétralement opposées. Deux pictogrammes. L’un avec un personnage souriant, tout en tendresse (KISS) ; le second avec ce même personnage totalement disloqué et mis en pièces (KILL). Au tout début, la représentation du dit concept comprenait seulement 4 pictos de « KISS » associés bien évidemment à leur opposé « KILL », dont les thèmes étaient « Teddies, Blondes, Angel et Devil », mais cela a suffit pour intéresser un agent de licences basé à Paris. Un contrat a été signé et à partir de là, KISS-KILL est resté un an dans les tiroirs de cet agent. La seule licence de KISS-KILL qu’il soit parvenu à placer s’est faite auprès de la société RGM que l’idée du concept intéressait pour la décoration de phones socks…. J’ai patienté un an, tout en n’ayant de cesse de faire évoluer la collection de pictos à travers le site kiss-kill.fr, et lorsque le contrat qui nous liait, cet agent et moi, est arrivé à terme, j’ai récupéré les droits de KISS-KILL pour m’en occuper personnellement. Je suis monté au créneau de la même façon que lorsque je démarchais des années auparavant auprès des professionnels pour leur présenter mon travail. Et cela a plutôt bien fonctionné car en quelques mois seulement, d’autres licenciés se sont ajoutés à la liste. »)
Parallèlement à son activité de scénariste BD, Philippe Rive a également manifesté et développé son intérêt pour le 7ème Art. Il écrit et réalise en 1986, 1987 et 1988 quelques courts-métrages live en 16 et 35 mm. Ce seront « LES DENTS DE LA BAIGNOIRE » (Sélectionné au Festival de Genève en 1987 et Sélectionné au Festival International du Film Open de Chavannes en 1988 ou il obtiendra le Prix Spécial Humour) ; « KETCHUP IMPACT » (Sélectionné au Festival de Genève en 1987 et Sélectionné au Festival International du Film Open de Chavannes en 1988 ou il obtiendra également un Prix Spécial Humour) ; « MER CALME, SABLE AGITÉ » (Avec Michel Crémadès et Mike Deporter – Sélectionné au Festival des Jeunes Réalisateurs à Paris en 1988 et Sélectionné au Festival du Film Fantastique de Paris au Grand Rex en 1988).
PARODY
En 1991, Philippe Rive entreprend de « refilmer » de façon humoristique certaines scènes cultes du cinéma sous la forme de pastilles télévisuelles, destinées à l’habillage de chaînes.
Cinq pilotes sont alors produits et mis en scène conjointement par Philippe Rive et Alain Savino (Directeur d’Essuie-Glace Création).
« – Mon idée dans « PARODY », était de détourner certaines grandes séquences de films qui soient identifiables dès le premier coup d’œil. Des scènes telles que « King Kong » perché au sommet de l’Empire State Building; la séquence de la douche de « Psychose »; la course de chars dans « Ben-Hur »; le doigt de « E.T » s’approchant du front d’Elliot et s’illuminant soudain, pour ne citer que celles-ci. Pour la présentation du projet à Canal, mon choix s’est porté sur la scène du film « Sept ans de Réflexion » dans lequel Marilyn, debout sur une bouche d’aération, s’amuse à laisser virevolter sa robe à chaque passage d’une rame de métro. J’ai donc décliné la situation avec une série de cinq pilotes comprenant chacun une chute différente.
Malheureusement, le développement prévu pour cette future série a été brusquement délaissé car mes idées pour « PARODY » impliquaient l’utilisation de nombreux effets spéciaux qui étaient loin d’être aussi performants que ceux existant aujourd’hui et que de ce fait les coûts de production n’auraient pas été amortis même après de multiples rediffusions. Quoiqu’il en soit, pour rester sur une note positive après tant d’années, j’éprouve cependant la satisfaction de constater que depuis sa date de création, le concept « PARODY » loin d’être devenu obsolète, reste toujours d’actualité et parfaitement exploitable étant donné que de nombreux films continuent d’être tournés et que de facto de plus en plus de scènes cultes voient le jour. »
Il écrit, story-boarde et tourne également en 1996 un spot publicitaire pour AQUILUS Piscines (Avec Michel Crémadès).
En 2006, il scénarise et story-boarde un court métrage intitulé « CLOWN CLOWN CLAN » (réalisé par Jean-Pierre Ybert) pour IN EXCELSIS PROD.
Depuis plus d’une trentaine d’années, Philippe Rive est convié en tant qu’intervenant dans les établissements scolaires, médiathèques, festivals BD et diverses manifestations littéraires pour y parler spécifiquement du métier de scénariste et de la création artistique propre aux secteurs de la BD et du cinéma.
(« – De l’enthousiasme. C’est ce que je ressens à chacune de mes interventions car il y a une connivence immédiate avec l’auditoire et ses questions soigneusement ciblées ; dont celle-ci qui m’est invariablement posée : Comment suis-je parvenu à accéder à mon métier de créatif ?
En guise de réponse, je fais alors bien souvent appel à cette citation de Calvin Coolidge que j’ai noté voici bien des années à la toute première page de l’un de mes calepins et qui résume idéalement mon parcours : « Rien au monde ne peut remplacer la persévérance. Ni le talent : quoi de plus banal que l’échec d’hommes de talent ? Ni le génie : le monde regorge de ratés forts érudits. Seule la persévérance et la détermination sont toutes puissantes. La devise « Accroche-toi » a déjà résolu et résoudra encore bien des problèmes pour la race humaine. »)